En ce début d’année, nous avons décidé de nous prêter au jeu des prévisions. Ou plutôt de partager avec vous les quatre grandes tendances de fond que nous avons observées en 2017 et qui devraient exploser en 2018 pour perdurer dans les années à venir.
La vidéo toujours au cœur de l’attention
Le format video aura été au cœur de la production de contenus en 2017. Plusieurs indicateurs montrent que ce trend va encore s’amplifier. Et ce notamment du fait de l’intérêt des GAFA pour la consommation de contenus vidéos en streaming.
L’intérêt n’est pas nouveau. Facebook favorise largement le format en matière de reach et redouble d’effort pour inciter ses utilisateurs à diffuser en direct via Facebook Live. Deux chiffres permettent de mieux appréhender ce que représente déjà la consommation vidéo sur Facebook :
- 100 millions d’heures regardées par jour sur la plate forme (source : Techcrunch)
- 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels (contre 1, 5 milliards pour Youtube)
Le lancement de Facebook Watch, un service de streaming de contenus originaux (show tv, séries), en août 2017 montre que la marque ne s’en contente pas et qu’elle souhaite se développer encore davantage en devenant elle-même productrice de contenus originaux.
Discover new shows like Ball In The Family, Strangers, Returning The Favor and more, only on Facebook Watch.
Publiée par Facebook Watch sur Mercredi 6 décembre 2017
Avec ce service, elle tend à se rapprocher d’un modèle comme Youtube Red (le service payant de Youtube pour accéder à des contenus originaux sans publicité). Et Facebook n’est pas seul puisque selon The Verge Amazon songe à lancer sa propre plate-forme dénommée Amazon Tube. La marque à la Pomme n’est pas en reste. À en croire Business Insider, il y aurait de fortes probabilités (40%) qu’Apple rachète bientôt Netflix (quand on songe au montant d’une telle opération cela nous semble irréel).
Cet appétit des géants pour le contenu streamé est un signe de plus qu’en 2018 la prédominance de la vidéo va s’amplifier tant en matière de reach que d’usage. Dans ce contexte, les marques qui émergeront seront celles qui investiront plus que les autres dans la réalisation de contenus vidéos et qui sauront y consacrer un budget d’achat média suffisant pour s’assurer une visibilité supérieure à leurs concurrents.
AR* is coming
2017 nous a frappé par l’avancée des technologies de réalité augmentée. En avril, Marck Zukerberg dévoilait lors de la F8 l’intégration de l’AR sur son application mobile en s’appuyant sur trois avancées :
- l’intégration plus précise du virtuel dans l’espace physique réel,
- la greffe d’effets 3D dans le monde réel
- la mémorisation instantanée du mouvement des objets
Au même moment le salon Laval Virtual nous avait convaincu que tous les secteurs (industrie, bâtiment, automobile, etc) allaient être rapidement impactés par la réalité augmentée.
Depuis l’ARkit d’Apple et l’ARcore de Google ont débarqué et apportent encore plus de fluidité, une interaction plus forte avec l’environnement, la lumière notamment.
Des technologies natives dans les mobiles de dernières génération comme l’iPhone X. Avec elles, pas de devices additionnels pour jouir pleinement d’une expérience d’AR réussie, uniquement votre mobile (en considérant que l’iPhone X est juste un mobile). Et c’est bien ce point précis qui va précipiter la vague de l’AR, plus que les Magic Leap, HoloLens et consorts.
Il vous suffira de pointer votre téléphone sur un objet pour obtenir en sur-impression les avis, tutoriels ou autres détails du produit. Des applications comme ARCity transforme déjà l’expérience de navigation GPS en proposant des informations additionnelles sur les bâtiments, les expos en cours, etc.
Demain on peut envisager qu’il suffira de pointer son téléphone sur un immeuble pour savoir si des appartements sont à vendre, leur prix, leur surface, etc et contacter d’une simple pression le vendeur. C’est un exemple.
Les potentialités sont énormes. Là aussi, la question reste celle de la pertinence, de la proposition de valeur que l’expérience d’AR offre à celle ou celui qui l’utilise. La question que les marques devront se poser est simple : quel super pouvoir ai-je envie de conférer à mes utilisateurs à travers l’AR ?
2018 année du Chat
Si pour les chinois 2018 est bien l’année du Chien, nous pensons qu’elle sera avant tout l’année du Chat. Du Chatbot. C’est l’autre grosse tendance à laquelle nous croyons beaucoup. Si les premières expériences ont pu être maladroites du fait de test&learn trop rapides, les bots sont promis à un bel avenir dès lors qu’ils sont utiles et que leur architecture est bien pensée. Lors du dernier Web Summit, Brian Halligan, CEO d’Hubspot, rappelait que tous les 10 à 15 ans, la tech était traversée par des révolutions :
1993 : point and click
2007 : swipe
2017 : converse
“Les gens visitent de moins en moins les sites. Ne lisent plus vos pages. De plus en plus, ils veulent chatter. Alors, arrêtez d’investir dans les sites classiques mais plutôt dans les bots. Arrêtez d’investir dans le design. Arrêtez d’investir dans les Adwords, investissez dans un bot.” Brian Halligan – 9/11/2017
Une pensée plutôt radicale, mais qui semble juste lorsque l’on lui juxtapose l’étude d’Harris Interactive datée de février 2017. Elle nous dit que déjà plus d’¼ de la genZ est utilisatrice de bot et quasiment autant (23%) chez les Y.
Si on ajoute à cela l’utilisation compulsive des apps de messageries (80 et 77% respectivement) comme canal favori de communication avec ses proches on obtient un terreau plus que propice à l’explosion de l’utilisation des chatbot dans les mois et les années qui viennent. Louis le bot d’Air France est une illustration d’une utilisation intelligente d’un agent virtuel.
Une mission simple lui est assignée : répondre aux questions bagages de voyageurs (le 2ème sujet d’interaction pour la marque sur les médias sociaux). Son objectif est clair : améliorer l’expérience client notamment lors des pics d’activité et soulager les conseillers.
Des expériences mieux pensées, l’adjonction d’IA pour mieux comprendre les intentions des utilisateurs et l’exploitation judicieuse des datas devraient conduire à une adoption plus massive des bots. Il ya encore un an, l’un des principaux freins à leur développement était la difficulté pour l’utilisateur de trouver facilement le chatbot susceptible de l’intéresser. Depuis certaines plates-formes comme Messenger se sont améliorées en proposant un onglet “Découvrir”, ce qui va fortement contribuer au développement des bots.
Alors oui, comme le dit Brian Halligan, investissez plutôt dans le développement d’un bot plutôt que dans un nouveau design de site web. Cela sera plus utile pour vos clients et les taux d’activation et d’interaction devraient être bien plus élevés. L’autre signal sous-jacent de ce succès annoncé, est le besoin des consommateurs d’un lien plus personnel avec la marque. Or avec un Chabot on a bien l’impression de converser avec quelqu’un, même si l’on sait que c’est une machine. Le sentiment de la conversation prédomine. Une impression qui ne va faire qu’augmenter avec l’émergence des assistants vocaux personnels.
La voix, nouvel objet d’interaction
Justement l’IoV ou Internet of Voice devrait faire une percée remarquée cette année. Google annonce avoir vendu 10 millions d’enceintes connectées depuis leur lancement il y a trois mois. Le prix bas (59 €) de la Google Home Mini est sans doute pour beaucoup dans ce succès (source : Les Échos).
With new devices, new languages and new features, here's how Google Home and your #GoogleAssistant helped you get more done in 2017. https://t.co/S6p2gcYn4j
— Google (@Google) January 5, 2018
Au delà des chiffres, ce succès engage les utilisateurs dans un écosystème à base de commandes vocales. Si pour l’instant Google est le seul GAFA à proposer une gamme d’enceintes connectées en France (Echo d’Amazon n’est pas encore disponible dans l’hexagone), l’arrivée du HomePod d’Apple prévue cette année va donner une place plus grande à son assistant Siri et accélérer les choses en matière d’usage.
Aussi gageons que d’ici 6 à 8 mois les assistants vocaux occuperont une place de plus en plus grande dans notre quotidien, à la maison comme au travail. Avec à la clé de nouveaux usages (edit : un américain sur six possède déjà une enceinte intelligente). Un engagement plus fort encore avec les marques, car plus proche, plus identifiable. À la manière d’une personne (La marque comme personne, méthode que nous avions lancée en 2013 n’a jamais été aussi vraie). Ces interactions fourniront aux marques des données utiles quant aux moments d’interactions les plus propices avec leurs audiences.
Ces quatre grandes thématiques vont marquer l’année. Il y a en d’autres, nous pensons à l’IA, à la crypto monnaie, aux influenceurs, à l’importance croissante de l’expérience client dans le choix d’un produit ou d’un service, à l’impact de la GDPR sur nos métiers, etc. Nous pourrions étendre la liste à l’infini. Mais d’autres l’ont déjà fait. Il nous semblait plus intéressant de partager avec vous les points majeurs qui vont transformer notre industrie dans les années à venir et sur lesquels nous travaillons actuellement.
*AR : augmented reality
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